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Otto Dix Peintre

ainsi  même.

Aujourd’hui, je veux vous parler d’un peintre qui m’a laissé une impression profonde, il s’agit d’Otto Dix, peintre allemand du début XX° s.

 J’ai donc envie de vous parler de l’artiste, de son travail et des événements de sa vie qui sont étroitement liés à ses œuvres.

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Autoportrait avec oeillet 1912 ( réference à Albert Dürer Portrait de l’artiste tenant un chardon 1493 )

Il est né en 1891 en Allemagne.  Grâce à sa mère, il recevra une éducation artistique, Il deviendra peintre décorateur tout en continuant à apprendre le dessin et la peinture.

 

 

Influences dans la peinture d’Otto Dix

Artistes peintres

Mathias Grünewald (environ 1475-1528)

Tout au long de sa carrière, Otto Dix se référera au Rétable d’Isseneim peint par Grünewald ( 1512-1516). Le retable raconte les différents épisodes de la vie du Christ et celle de saint Antoine l’Ermite.

Dès ses débuts, l’artiste comprend qu’en ayant recours aux formes sacrées (les triptyques, les retables) et en traduisant ses sujets au travers de thèmes religieux (Christ en croix, Madone, Pietà) cela lui permettrait de donner un caractère sacré et universel à ses peintures, gravures, et à tout ce qu’il dénonce.

« J’ai vu deux fois le Retable d’Issenheim, une œuvre impressionnante, d’une témérité et d’une liberté inouïes, au delà de toute « composition », de toute construction, et inexplicablement mystérieuse dans les relations qu’elle entretient avec ses différents éléments. »

« Pour moi, il est pour ainsi dire impossible d’échapper à l’influence de Grünewald. »

Ce qui le fascinait chez Grünewald était sa capacité à tout montrer de la condition humaine, même sa laideur.

Il réalisera plusieurs triptyques au cours de sa carrière.

 

Vincent Van Gogh ( 1853-1890 )

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Sunrise 1913

En 1912, la découverte de Van Gogh, lors d’une exposition, est pour lui une révélation. S’en suivra donc un rapprochement du mouvement  expressionniste

« L’expressionnisme est la projection d’une subjectivité qui tend à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont souvent fondées sur des visions angoissantes, déformant et stylisant la réalité pour atteindre la plus grande intensité expressive. Celles-ci sont le reflet de la vision pessimiste que les expressionnistes ont de leur époque, hantée par la menace de la  première guerre mondiale »

Cette influence de Van Gogh l’oriente vers un maniement plus savant des couleurs, une recherche de contrastes et d’effets de lumière, la volonté de traduire subjectivement le dynamisme vital de la nature

 

El Greco ( 1541-1614 )

L’influence d’El Greco est présente dans les compositions et les moyens picturaux. Il en résulte une ambiance sombre et effrayante.Il réalise une adaptation de ces cassures dans l’arrangement spatial de son œuvre, dans  le taitement de la lumière, dans les contrastes, dans la réduction de la palette à quelques couleurs seulement.( Voir le tryptique  » La Guerre « )

 

Philosophie

C’est autour du thème du réalisme qu’une autre influence se fait sentir, celle de Nietzsche. En tant que peintre dyonisaque, il ne cherche pas à idéaliser le tragique de l’existence, la mort ou le caractère destructif de la réalité mais vise plutôt à les montrer dans leur crudité, même dans les expériences les plus extrêmes.

Lorsque la guerre éclate, il se portera donc volontaire et partira au front, attitude nietzschéenne qui sublime la guerre et doit permettre à l’homme de s’élever. Mais le contact avec l’horreur du front le fera très vite changer d’avis.

Technique

Il en sortira vivant malgré plusieurs blessures mais surtout traumatisé, ce qui est montré dans son collection de 50 eaux-fortes ( procédé de gravure en taille douce sur une plaque métallique à l’aide d’un mordant chimique, un acide ) appelé « Der Kriek » « La Guerre »

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Eau-forte ou gravure n°12

 

Citations

1)

« « Il me fallait cette expérience : comment quelqu’un situé juste à côté de moi pouvait tomber tout à coup et disparaître. Il me fallait l’expérimenter dans les moindres détails. Je le désirais. Je ne suis pas un pacifiste ou le suis-je ? Juste quelqu’un qui se pose des questions. Je voulais tout voir de mes yeux. Je suis un réaliste qui doit voir par lui-même pour avoir confirmation que cela se passe comme cela. Je dois expérimenter tous les abysses de la vie : c’est pour cela que je me suis engagé comme volontaire. »

2)
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Eau forte ou gravure 1924 n°6

« C’est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C’est que c’est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j’ai eu l’impression que tout un aspect de la réalité n’avait pas encore été peint : l’aspect hideux. La guerre, c’était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tous prix. Il faut avoir vu l’homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. »

3)


“le fait est que, étant jeune, on ne se rend absolument pas compte que l’on est, malgré tout, profondément marqué. Car pendant des années, pendant 10 ans au moins, j’ai rêvé que je devais ramper à travers des maisons en ruines, (sérieusement), à travers des couloirs, où je pouvais à peine passer. Les ruines étaient toujours présentes dans mes rêves…”

4)

« J’ai bien étudié la guerre. Il faut la représenter d’une manière réaliste pour qu’elle soit comprise. L’artiste travaillera pour que les autres voient comment une chose pareille a existé. J’ai avant tout représenté les suites terrifiantes de la guerre. Je crois que personne d’autre n’a vu comme moi la réalité de cette guerre, les déchirements, les blessures, la douleur. »

 

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Tryptique  » La Guerre  » peinture sur bois 1929-1932

 

 

Otto Dix au lendemain de la guerre

L’Allemagne connue une période de festivités joyeuses et débridées, celle des Années folles. Mais cette époque  fut aussi marquée par la violence, la pauvreté et la décadence générées par une situation politique et économique désastreuse .

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Prostituées et mutilés de guerre sont les victimes du capitalisme

A partir de 1920, il participera avec d’autres peintres allemands au mouvement de la «  Nouvelle Objectivité » qui représente la réalité de la république de Weimar de façon objective, presque violente.

Avec un style qui se caractérise par des inflexions caricaturales et par des influences dadaïste et expressionniste, dont ils empruntent la charge subversive et irrévérente.

Le peintre restitue ainsi les tensions, oppositions des métropoles de l’époque.

Il met donc en avant « les gueules cassées » d’anciens soldats réduits à la mendicité, des prostituées, victimes d’un ordre social déboussolé, la soif de plaisirs.

 Les femmes et leur émancipation seront un sujet important également.

En bref, il montre les victimes de la société mais aussi ceux qui en ont profité.

otto-dix« We want bread « 1923

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The Match Seller 1921 Cet homme qui n’a plus de jambes est ignoré par la foule et même le chien urine sur lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Portraits

A partir 1925, Otto Dix commence à développer un style saisissant de portrait de type grotesque. Des portraits d’inconnus, de la bohème et de l’intelligentsia qui sont d’un réalisme brutal qui dérange autant qu’il fascine. otto-dix

« Lorsque je dis à quelqu’un que j’aimerais le peindre, j’ai déjà en moi son portrait. La personne qui ne m’intéresse pas, je ne la peins pas. » portrait

Il peint ses sujets d’une façon peu flatteuse, mettant en exergue leurs défauts et diminuant leurs qualités. Bien sur, traitement qu’il n’appliquera pas à lui même, préférant un traitement plus valorisant. Il est d’ailleurs un des artistes qui s’est le plus représenté. Certainement parce qu’il se considérait comme le témoin de son temps.

 

 

 

 

 

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Tryptique  » Metropolis « 1927 Huile et tempera sur bois

Le nazisme/ la Guerre

En 1927 ,il devient enseignant de Beaux Arts à Dresde.

En 1933, il sera un des premiers à être renvoyé car considéré comme un « bolchevique de la culture ».

Puis en 1937, ses œuvres sont déclarées « dégénérées » et retirées des musées voire pour certaines détruites ( plus d’une centaine).

A partir de ce moment Otto Dix s’exilera en Allemagne pour se faire oublier. Il peindra dorénavant des paysages, sujets non compromettants

« Au lieu de courber l’échine et de regarder anxieusement autour de moi, j’aurais peut-être mieux fait de m’exiler. Mais émigrer n’est pas mon affaire. Voyez ce qui est advenu de Georg Grosz. Dès le début, j’ai su qu’il devrait se reconvertir. Là-bas [aux États-Unis), il ne pouvait pas, comme en Allemagne, caricaturer les petits-bourgeois. Qu’à force de me soumettre, je me sois aussi laissé influencer intérieurement, c’est une chose certaine : mon élan était retenu – freiné. En 1939, je me suis complètement fermé. Je me réfugiais dans la campagne et je peignais et peignais. Je ne voulais rien savoir de la guerre […]. Aujourd’hui, je vois que j’ai bien fait. Fuir est toujours une erreur »

Finalement il part au front sous la contrainte, il sera prisonnier et en reviendra.

 

Otto Dix et l’aprés guerre

En 1960, il réalise «  Guerre et Paix «  une œuvre testamentaire où il reprend tous les thèmes qu’il a traité tout au long de sa carrière. D’abord, d’un côté la mort, la souffrance, la guerre, la destruction c’est-à-dire l’obscur. Puis au centre la crucifixion du Christ. Enfin à droite la vie, la lumière, l’enfant, la colombe de la paix…

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Il recevra les honneurs de ses pairs et mourra en 1969.

 

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